Le Flow

C’est le titre d’une des rares newsletter que je lis assidument – c’est à dire toutes les semaines, sans exceptions. Mickaël nous y partage avec une douceur et une authenticité profonde ses textes et les réflexions qui le traversent dans son chemin d’écrivain. J’ai pris le temps de lire celle de ce week-end ce soir, bien au chaud près de mon poêle, après une intense journée à écrire. Mickaël y parle de la nécessité vitale d’écrire et des émotions qui traversent en permanence les auteurices. Cet indicible que l’on touche du bout des doigts, plongés dans nos textes, vivants avec nos personnages que l’on quitte ensuite avec nostalgie avant, tels des drogués, replonger de plus belle dans d’autres aventures.

Ce mois-ci, entre travail, boules et cadeaux de Noël, j’ai moins écrit. Arrivée à l’avant-veille de mes congés, un énorme coup de barre m’a mise au lit, épuisée. Je ne l’avais pas vu venir, mais j’ai vite compris son origine. Comme toujours, décembre a été marqué par de nombreuses heures à créer des cadeaux. Rien ne compte plus pour moi que les intentions faites mains : qu’y a-t-il de plus beau qu’offrir son temps à l’autre ? Toucher les tissus raffinés, me laisser éblouir par les couleurs et motifs milles fois renouvelés de Noël, assembler, coudre, décorer, mes mains se sont réjouies de faire ces présents – d’autant que le succès de l’aventure lancée avec mes soeurs, les 3 Belettes, m’a réchauffé le coeur. Il n’y a rien de tel que de voir le plaisir que l’on a eu à créer se transmettre à ceux qui reçoivent nos objets !

Et pourtant, loin du clavier, j’ai oublié de nourrir une autre part de moi. Une part profonde, intime, à laquelle je n’ai jamais vraiment prêté attention. Faire quelque chose juste pour moi, rien que pour moi… c’était là la première raison qui m’a poussé de nouveau dans les bras de l’écriture, voici bientôt dix ans. J’ai mis de longues années à comprendre le but et la nécessité de ces appels. Besoin de me réfugier, de soigner mes blessures ? Nécessité de partager ce qui fait ma personne, de trouver un miroir en face, un lecteur qui me comprendra au travers des lignes pour me soigner ? Je croyais qu’il s’agissait de ça. Mickaël l’évoque : de nombreux auteurices n’attendent pas la gloire ou la fortune en publiant. Juste la reconnaissance publique de leur personne, de leur nature, de leur utilité.

Alors, bien sûr, ce besoin je l’ai également. Mais j’ai découvert, à ma grande surprise, que le fameux syndrome de l’imposteur m’épargnait. Je le dois à toutes les personnes qui m’entourent de leur bienveillance et de leur confiance : mes éditrices, mes amis auteurs IANA et Oneiroi, mes amis rennais d’Argyll, Critic et nombreux autres. Libérée de cette perpétuelle recherche d’assentiment, ayant trouvé naturellement ma place dans l’univers littéraire (elle est modeste ma petite place, mais c’est la mienne, et je n’en changerai pour rien au monde !), je vois émerger au travers de mes textes des inattendus, des surprises et une grande rencontre.

La rencontre avec moi-même.

Si je dois retenir quelque chose de cette première année d’écrivaine – première dans le sens où j’y ai réellement et officiellement consacré un temps formel, en l’occurrence le 5ème jour de ma semaine de travail, mon employeur se passant de ma présence tous les vendredis – c’est la puissance de l’effet miroir de mes textes. J’ai commencé en 2017 avec Neige : un texte que l’on pourrait croire personnel, mais non. Il est écrit pour mes neveux-nièces, pour ma famille : il ne parle pas de mon moi profond et personnel. Les nouvelles suivantes ne creusaient pas non plus dans ce sens, et Hope, mon 1er roman, est un écho à Neige : une façon de transmettre mes valeurs à mes neveux et nièces, un message d’espoir pour l’avenir et une part de rêve. Le miroir est apparu dans une nouvelle que l’on m’a commandée. J’ai pris une claque à la seconde relecture de ce texte, comprenant toute sa signification cachée et ce que cela disait de moi. Et sur la novella suivante, bien que le genre, le style, les personnages, la thématique soient extrêmement différent, là aussi, elle vient m’aider à me connaître, à m’accepter.

J’ai toujours senti que l’écriture m’était, à l’instar de la drogue que cite Mickaël, une nécessité vitale nécessaire. Chemin faisant, m’ouvrant de plus en plus à sa magie, je vois les bienfaits qu’elle m’apporte, et le cercle vertueux que cela entraîne. Je me sens franchir le palier dont parle Lionel dans son essai aux éditions Argyll : nourrir ma plume de ma personne, sans réserve et sans limites, ouvre un champ des possibles fantastique dont la première bénéficiaire et moi-même – et donc mon écriture.

J’ai trouvé ma magie 🙂

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