Les Mystères de Kioshe – où quand autoédition rime avec grande qualité littéraire

Il y a quelques années de ça, je croyais que l’auto-édition était réservée aux « mauvais » auteurs, à ceux qui ne prenaient pas le temps de faire une seconde voir une troisième correction, qui ne savaient pas travailler leur vocabulaire (voir leur orthographe) et dont les ressorts narratifs frôlaient le stéréotype horripilant.

Mais ça, c’était avant.

Je vous ai déjà parlé des deux auteurs qui m’ont convaincu qu’auto-édition pouvait rimer avec qualité : Rozenn Illiano et Benjamin Lupu. Ce dernier est l’auteur de la série « Les mystères de Kioshe », dont les 11 épisodes ont été publiés au fur et à mesure en version numérique, sur presque 3 ans (si je ne m’abuse), et en deux intégrales papier dont la dernière m’est tombée entre les mains aussitôt parue il y a une grosse semaine. Et bien sûr, j’ai délaissé ma Montagne à Lire pour me jeter dessus ! #accro

La qualité, parlons-en : dès la première mise en main, le livre est agréable, à la fois souple et charnu comme je les aime. Le papier, la police d’écriture, les illustrations qui démarrent chaque mystère jusqu’aux incises calligraphiées entre les chapitres… tout est parfait ! Certains livres édités par des maisons ne sont pas aussi finement travaillés. Quand à l’orthographe, la mise en page, là aussi, rien à redire.

Comme un bon repas, d’autant meilleur que sa saveur est à la hauteur de sa présentation, les deux intégrales des Mystères de Kioshe tiennent toutes leur promesses ! Sous une forme alléchante, le texte ira titiller vos cinq sens. Laissez-vous emporter dans les recoins de la ville-univers, cosmopolite et baroque, où odeurs orientales se mêlent aux remugles de crimes sordides, où vous croiserez d’étranges créatures tout autant que de bien connues silhouettes aux oreilles pointues, où vous vibrerez au chant des ogres et sauterez d’effroi face à l’appel des cornes de brumes ! Magie, cultures et sciences se mêlent dans un incroyable tableau vivant, à la profondeur tout aussi impressionnante que ses auteurs savent nous faire découvrir peuples et coutumes faisant le sel de Kioshe sans même que l’on s’en aperçoive. Un tour de force littéraire qui m’a fait sortit mon calepin de notes pour mes propres écrits. Le vocabulaire, les comparaisons, les mots… tout est à sa juste place et permet un récit très coloré, très imagé, qui se lit sans effort.

Je dis « ses » auteurs, car le génie de Benjamin a constitué à ouvrir son monde à d’autres plumes – Thomas Mariani qui signe un épisode et Sylvie Poulain qui a réellement co-écrit le second volet avec Benjamin. Tous se sont approprié avec merveille les personnages haut en couleurs de l’histoire : Tirséa, la magicienne aveugle et reniée, en prise avec un passé oublié, Ziürm le gobelin chanceux emprunt d’ironie, Ivriane, la première apprentie bien sérieuse… Le lecteur plonge immédiatement dans la peau de chaque personnage, tant ils sont crédibles et humains. Kioshe ne vous emmènera pas dans une bataille du bien contre le mal, non. Vous suivrez nos amis avec leurs défauts, leurs qualités, leurs coups d’orgueils et de génies, leurs bonnes et mauvaises décisions. Un régal, je vous dis !

La richesse des intrigues et la justesse des personnages, le tout dans un format très actuel, facile et rapide à lire, font de ce dyptique une histoire à ne pas manquer. Jetez-vous dessus (oui, je sais, c’est sur Amazon… rien n’est parfait dans la vie. Ca rachète un centième de millième le karma du géant… Si un jour on m’avait dit que je leur ferais de la pub) et parlez-en autour de vous. Tout comme moi, beaucoup de jeunes auteurs se sentiraient plus libres et confiants en eux si des exemples de ce type leur montrait que leur valeur n’est pas fonction de la taille de la maison qui les édite 🙂

Et du coup, ça me donne des idées… ce format « série TV » est vraiment très bien adapté à nos modes de vie actuels… 😉

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