Dune 2021 – comment l’art de raconter peut transformer n’importe quel scénario

Et… je spoile tout de suite, j’ai trépigné de joie pendant 2h30 en croisant les doigts pour que le film ne s’arrête pas tout de suite!

Pourtant, si je suis objective, le scénario est très très loin de me plaire (raison pour laquelle le roman ne m’a jamais interpellée). Des luttes politiques entre grands clans, des références bibliques à la tout va (entre la sainte trinité incarnée par la famille Atréide et la guerre sainte), des stéréotypes vieux de bientôt 60ans (merci le maître d’arme loyal jusqu’à la mort, le traître-pas-si-méchant, la muse aux beaux yeux etc etc)… on est loin de proposer aux spectateurs une autre vision du monde (comme le fond si bien mes films préférés Cloud Atlas et Premier Contact).

Mais voilà… le film est magnifique. MA-GNI-FI-QUE. Je vous conseille de le voir sur TRÈS grand écran, avec le fameux son dolby-je-sais-plus-quoi qui est, il faut l’avouer, une bien meilleure innovation que la 3D. Je pense que l’excellent moment que j’ai passé sont lié à deux choses :

=> Le jeu d’acteur. Je ne suis pas une spécialiste, mais l’intensité de l’émotion qui passe dans un regard, un tremblement, un silence, un mot, m’a scotchée. J’aimerai réussir à écrire aussi bien que Villeneuve ne tourne : une précision chirurgicale qui va droit au coeur sans rajouter des tonnes de surenchères. Je m’entiche rarement d’acteurs, mais j’ai trouvé Thimothée Chalamet génial. Côté personnages, j’ai apprécié de suivre une mère et son fils : je n’arrive pas à retrouver d’autres histoires où l’on a ce type de duo (hormis la Bible, hein), ça m’a un peu changée des princes solitaires.

De la science-fiction qui parle de désert, je n’allais pas manquer ça! J’ai joué ma fan-girl et, attirée par la bande-annonce magnifique du filme Dune (et la musique de Hanz Zimmer, et le nom de Denis Villeneuve), je me suis pour ainsi dire précipitée au cinéma.

=> La sobriété. Merci, MERCI de nous offrir une SF qui a du corps, du vrai. Pas d’effets spéciaux, pas d’amoncellement de technologie. Juste de l’image, de la vraie image, qui montre l’essentiel. Dans un futur où l’espace n’aurait pas de limites et l’infini serait à portée de main, croyez-vous que les maisons seraient minuscules, les espaces saturés d’objets, les matières naturelles inexistantes? Dans le monde qu’Herbert a imaginé, il est tout à fait cohérent de voir ses personnages errer dans des palais imposants et déserts, se trimballer des malles en bois dans des vaisseaux interstellaires, être habillés de tissus classiques tout en portant des boucliers magnétiques. De plus, la façon de tourner très réaliste de Denis Villeneuve aide à l’immersion. Quand un ornicoptère se prend dans une tempête, on voit ce que les personnages voient : une vitre blindée de sable (et c’est tout). Et on entend le boucan du cyclone (pas une musique dramatique). J’adore! De même, les combats sont esthétiques, mais simples et efficaces. Ce qui, dans la vie réelle, est le cas (je sais pas si vous avez remarqué, mais aux JO de Tokyo, les athlètes mettent à peine 3 minutes à conclure une lutte… et ils ressortent en ayant perdu trois litres de sueur).

Bref. Denis Villeneuve réalise à mon avis un quasi-exploit : prendre le spectateur aux tripes et ne pas le lâcher pendant 2h30 avec un scénario pourtant obsolète* J’ai franchement envie de retourner le voir (moi qui n’est ni une addicte du cinéma, ni des rediffusions), c’est vous dire! Peut-être est-ce lié au fait que j’écris en ce moment même mon premier roman : un récit de colonisation spatiale sur une planète-désert, qui suit les aventure d’un garçon qui parle aux sables et de sa mère… je vous rassure, la comparaison s’arrête là!

* je suis dure. Il y a plein d’articles passionants qui vous expliqueront pourquoi Dune est vraiment moderne, et pourquoi pas. De mon côté, je le trouve vraiment dépassé, mais ce n’est que mon avis!

Illustration magnifique de Marc Simonetti, que je vous encourage à découvrir ici.

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