Ce soir, je lis par hasard un article de l’excellent blog de Mickaël : « Ceux qui errent ne sont pas toujours perdus« . Il nous ouvre une réflexion sur la notion de chute (le graal recherché par tout auteur) pour ensuite résumer par cette citation du Seigneur des Anneaux la diversité des chemins, qu’ils soient créatifs ou de vie.
Vous le savez probablement, née en Savoie, je suis montagnarde. Cet été, j’ai retrouvé avec joie le plaisir de randonner. Suivre un chemin, contempler le sommet se rapprocher à petits pas. Fixer mon attention sur ce but, forcer mes jambes à avancer, grimper, tandis que mon corps me signifiait par un souffle court et de longs tiraillements dans les jambes que 2700m d’altitude, c’était décidément trop pour mes petits globules rouges de bretonne.
Tout au long de la route, j’ai toujours eu le but en visée. Je n’ai pas quitté des yeux le sommet à atteindre. J’ai foncé. Une belle image de mon mode de fonctionnement. Objectifs, visée, j’entrevois toujours ma destination et le meilleur chemin pour y arriver – en anticipant les détours, les descentes et les remontées. Ma satisfaction est dans l’atteinte de l’objectif. Un projet professionnel, un vêtement à coudre, un permis moto à passer, un semi-marathon à terminer…
Pour l’écriture, cependant, c’est différent.
Ce n’est pas moi qui décide du chemin.
C’est lui qui m’emmène là où il le souhaite.
Il est comme l’un de ces sentiers qui s’enfonce dans la forêt, sans visée, sans vue. Une plongée dans l’inconnu. Le chemin, celui qui est là, à l’instant, sous mes pieds, est tout ce qui compte. Ce plaisir à créer, à être dans l’histoire, à la voir évoluer, se transformer. Peu importe la destination.
C’est ce qu’il se passe pour ma prochaine histoire. Je pensais écrire le premier chapitre lors de mes vacances, me lancer comme d’habitude, avec une vague idée de plan.
Mais le chemin en a décidé autrement.
Les premiers mots ne sont pas venus, je n’ai pas insisté. Et j’ai eu la surprise de constater que, de jour en jour, les idées me venaient toutes seules. Les personnages principaux, secondaires, les intrigues, les décors, les émotions… c’est inhabituel. J’aime ça. Qu’importe que j’écrive 1000 sec par jour, que j’ai finis le 1er jet en octobre, en décembre, en janvier?
Ce n’est pas moi qui décide, et ça fait du bien.
Je suis le chemin.